
Imposition auto-entrepreneur : calcul et paiement
Vous êtes auto-entrepreneur ou souhaitez créer votre micro-entreprise ? Connaître la nature et le montant de vos charges fiscales est primordial pour assurer la pérennité de votre activité. Vous êtes un peu perdu(e) ? On vous dit tout sur vos impôts et votre fiscalité : taxes, TVA, cotisations, versement libératoire et contributions diverses, cela n’aura bientôt plus de secrets pour vous !
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Imposition sur vos revenus d’auto-entrepreneur
Les micro-entrepreneurs sont des entrepreneurs individuels. Vous êtes donc redevable de l’impôt sur le revenu et non sur les sociétés.
Plus concrètement, cela signifie que les revenus de votre auto-entreprise seront pris en compte dans le calcul du taux d'imposition moyen appliqué aux autres revenus de votre foyer ainsi que dans le nouveau calcul du revenu fiscal de référence.
Bon à savoir
Avec notre outil de gestion et de facturation créé pour les auto-entrepreneurs, vous serez à jour dans toutes vos déclarations fiscales : chiffre d'affaires, TVA, impôt sur le revenu, etc. Le tout en ligne, au même endroit, et avec un test gratuit d'un mois.
Comment est calculé votre impôt sur le revenu ?
La détermination de votre revenu imposable répond à une méthode précise et s’articule autour de 3 éléments de calcul.
1 / L’abattement forfaitaire pour frais professionnels (2023)
En tant qu’auto-entrepreneur, vous bénéficiez du régime micro-fiscal pour le calcul de votre revenu imposable.
Contrairement aux autres statuts, vous ne pouvez donc pas déduire vos charges de votre chiffre d'affaires, ni amortir vos achats de matériel.
En revanche, vous bénéficiez d’un abattement forfaitaire (selon l'article 50 du CGI) dont le taux varie selon l’activité de votre micro-entreprise. Cette déduction correspond aux frais professionnels que vous avez engagés.
Les taux sont les suivants :
- 71 % pour le commerce (achat et vente) et la location de logements
- 50 % pour les prestations de services
- 34 % pour les professions libérales et les prestations de services (BNC)
L’abattement minimum forfaitaire est de 305 €.
Une fois cet abattement appliqué sur votre chiffre d’affaires, cette somme sera ajoutée aux autres éventuels revenus de votre foyer.
Le saviez-vous ?
Vous pouvez renoncer au régime fiscal de la micro-entreprise si vous estimez avoir beaucoup de frais de façon constante (chaque année). À vous de calculer si déduire vos frais réels est plus intéressant que l’abattement forfaitaire lié au régime.
Attention, vous pouvez bénéficier du régime micro-fiscal tant que votre chiffre d’affaires annuel (hors taxes), encaissé au cours de l’année civile ne dépasse pas le seuil de :
- 188 700 € pour les activités commerciales et de fourniture de logement (sauf meublés qui relève du seuil de 77 700 €)
- 77 700 € pour les prestations de services relevant de la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) ou des bénéfices non commerciaux (BNC) et les professions libérales non réglementées ou relevant de la Cipav pour leur assurance retraite.
Si vous dépassez ces plafonds (chiffres 2023), vous sortez du régime micro-entrepreneur.
Enfin, notez bien que les plafonds du chiffre d’affaires s’entendent sur une année civile complète de janvier à décembre ou se calculent au prorata temporis si vous créez votre auto-entreprise en cours d’année.
Tout savoir sur les plafonds auto-entrepreneur
2 / Le quotient familial
Une fois vos revenus imposables calculés, l’administration fiscale déterminera votre quotient familial (QF) afin d’adapter le montant de votre impôt à votre situation personnelle (célibataire, pacsé, marié…) et aux charges familiales que vous devez supporter (nombre d’enfants, présence d’un enfant handicapé au foyer, etc.).
Composition du foyer | Nombre de parts |
Parent ou chef de famille isolé | 2 parts |
1er et 2e enfant | 0,5 part |
3e enfant | 1 part |
4e enfant et les suivants | 0,5 part |
Enfant handicapé | 1 part |
Exemple : Nadia et Pauline sont auto-entrepreneuses en création textile. Elles ont le même revenu imposable. Pauline est célibataire avec deux enfants (2 parts), elle paiera donc moins d’impôts que Nadia qui est célibataire et sans enfant (1 part), car Pauline va diviser son revenu imposable par 2.
À noter qu’il existe des situations particulières ouvrant droit à des majorations de parts (parent isolé, invalidité, pensionné de guerre…)
3 / Le barème progressif de l’impôt sur le revenu en 2023
Le barème de l'impôt sur le revenu est progressif, c’est-à-dire que l’impôt que vous devez payer s’adapte à vos revenus. Plus vous gagnez d’argent, plus votre taux d’imposition est élevé.
En France, il existe 5 tranches d’imposition.
Pour la déclaration 2023 sur les revenus de 2022 :
- Entre 0 € et 10 777 € : vous ne serez pas imposé(e)
- Entre 10 778 € et 27 478 € : vous serez imposé(e) à 11 %
- Entre 27 479 € et 78 570 € : vous serez imposé(e) à 30 %
- Entre 78 571 € et 168 994 € : vous serez imposé(e) à 41 %
L'essentiel à retenir
Pour résumer, votre impôt sur le revenu est calculé de la manière suivante :
- Étape 1 : calcul du revenu imposable de votre foyer, après application d’un abattement
- Étape 2 : ce revenu est divisé par le nombre de parts de quotient familial
- Étape 3 : l’administration fiscale applique le barème progressif sur ce revenu par part
- Étape 4 : le montant obtenu est de nouveau multiplié par le nombre de parts de votre foyer
Attention, ce calcul est fourni à titre informatif et est effectué directement par l’administration fiscale. Vous devez donc déclarer votre chiffre d’affaires sans abattement !
Rassurez-vous, vous n'avez pas à faire ces calculs manuellement.
Bon à savoir
Le simulateur d'impôt auto-entrepreneur de l'Urssaf vous permet d'estimer le montant de votre impôt sur le revenu.
Comment déclarer son impôt sur le revenu ?
Pour déclarer votre impôt, vous devez tout d’abord savoir de quelle catégorie dépendent vos revenus :
- Artisans et commerçants : catégorie des bénéfices industriels ou commerciaux (BIC ou micro-BIC)
- Activités libérales : catégorie des bénéfices non commerciaux (BNC ou micro-BNC)
Vous devrez ensuite remplir deux formulaires pour effectuer votre déclaration :
- La déclaration annuelle de revenus (formulaire 2042)
- La déclaration complémentaire de revenus (formulaire n°2042-C Pro), c’est là que vous reporterez votre « bénéfice » : le montant annuel de votre chiffre d'affaires brut (BIC ou BNC) et le rapport aux éventuelles plus ou moins-values de l'année
Notre tutoriel pour remplir votre déclaration 2042 C PRO
La déclaration d’impôt sur le revenu se fait désormais obligatoirement en ligne. Toutefois, vous n’êtes pas concerné si votre résidence principale n'est pas équipée d'un accès à internet ou que vous n’êtes pas à l’aise avec le web (cela concerne essentiellement les personnes âgées, invalides et/ou dépendantes).
Versement libératoire de l’impôt : le régime micro-fiscal
Une option pour les auto-entrepreneurs
Le versement libératoire est une option réservée aux micro-entrepreneurs (selon l'article 151 du Code général des impôts). Mais attention, tout le monde ne peut pas forcément en profiter ! En effet, votre revenu fiscal de référence de l'année N-2 ne devra pas excéder un certain seuil.
Ainsi, pour en bénéficier en 2023, votre revenu fiscal de référence de 2021 (consultable sur votre avis d’impôt 2022) doit être inférieur à 26 070 € par part dans votre foyer fiscal.
Il faut ensuite le majorer de 50 % par demi-part ou de 25 % par quart de part supplémentaire.
En quoi le versement libératoire peut-il simplifier votre impôt ?
Tout simplement parce que si vous choisissez le versement libératoire, vous paierez votre impôt sur le revenu lors de votre déclaration de chiffre d’affaires (chaque mois ou trimestre), selon un taux fixe défini par la nature de votre activité :
- 1 % pour les activités de vente ou de prestations d'hébergement (à l'exclusion de la location de locaux d'habitations meublés dont le taux est de 1,7%)
- 1,7 % pour les activités de prestations de services relevant des bénéfices industriels et commerciaux (BIC)
- 2,2 % pour les activités de prestations de services ou les activités libérales relevant des bénéfices non commerciaux (BNC)
Ainsi, le montant à payer est prévisible et vous versez moins d’impôts si votre chiffre d’affaires est moins important, puisque le taux ne varie pas.
Toutefois, si vous choisissez le versement libératoire, vous serez obligatoirement imposé dès le premier euro. Ce versement sera définitif et vous ne pourrez pas être remboursé. Ce régime n’est donc pas intéressant si vous ne payez pas ou peu d’IR dans le régime classique.
À noter enfin que la déclaration annuelle de vos revenus reste obligatoire, même si vous optez pour le versement libératoire.
Le saviez-vous ?
Paiement et modifications de vos acomptes, modalités de déclaration et option pour le versement libératoire, découvrez tout ce qu’il faut sur le prélèvement à la source.
Les taxes en micro-entreprise
TVA et auto-entreprise
La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est un impôt indirect sur la consommation dont le taux varie selon le service ou le produit.
Les micro-entreprises sont ainsi redevables de la TVA si leur CA annuel dépasse :
- 36 800 € HT (seuil majoré à 39 100 €) pour les artisans et professions libérales
- 91 900 € HT (seuil majoré à 101 000 €) pour les commerçants
Vous êtes en franchise en base de TVA ? Vous ne la facturez donc pas à vos clients mais ne pouvez pas non plus la récupérer, selon les Articles 293 B à 293 G du Code général des impôts.
Vous en êtes redevable ? Dans ce cas, vous êtes dans l’obligation de :
- la facturer à votre clientèle
- faire une déclaration de la TVA collectée
- la reverser à l’État
Vous pouvez alors également récupérer la TVA que vous avez payée dans le cadre de dépenses pour votre activité.
Comment déclarer la TVA quand on est auto-entrepreneur ?
Le saviez-vous ?
Vous aimeriez récupérer la TVA que vous payez mais êtes en dessous des plafonds ? Vous pouvez demander à sortir volontairement du régime simplifié pour passer au régime réel normal. Vous devrez en faire la demande auprès de votre Service des Impôts des Entreprises (SIE).
La cotisation foncière des entreprises (CFE)
Comme son nom l’indique, la Cotisation Foncière des Entreprises (CFE) concerne le foncier. Il s’agit d’une taxe annuelle sur les locaux des entreprises. Comme pour les taxes foncières et d’habitation, la CFE dépend de la ville où vous exercez (chaque municipalité a son taux d’imposition) et de la valeur locative du bien. Si celle-ci est peu élevée, il existe une base minimum qui est fixée sur le chiffre d’affaires.
Vous ne payez pas la CFE pour l’année durant laquelle vous débutez votre activité, peu importe la date de création de votre micro-entreprise. Mais attention, cette exonération n’est pas automatique ! Pour en bénéficier, vous devez remplir une déclaration initiale et l’envoyer à votre SIE avant le 31 décembre…
L’année qui suit la création de votre auto-entreprise, la base d’imposition sera réduite de 50 % (sauf pour si vous êtes déjà en base minimum, bien sûr !).
À noter qu’il existe plusieurs cas possibles d’exonération de CFE :
- Les entreprises dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas 5 000 €
- Certaines activités artisanales et assimilées sont exonérées de plein droit
- Les auteurs, artistes, enseignants
- Les auto-entreprises implantées dans des zones prioritaires
- Etc.
Cette liste n’est pas exhaustive. Pour savoir si vous aussi êtes concerné, rendez-vous sur notre article sur l'exonération de CFE pour les auto-entrepreneurs.
Information importante
La cotisation foncière des entreprises (CFE) et la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE) sont les deux composantes de la contribution économique territoriale (CET).
Il est possible que vous ne connaissiez pas la CVAE puisque celle-ci concerne uniquement les auto-entreprises soumises au régime micro-BIC, dont le chiffre d'affaires est compris entre 152 500 € et 188 700 €. Si c’est votre cas, vous devez donc déclarer la valeur ajoutée dès que votre chiffre d'affaires dépasse 152 500 €. Pas d'inquiétude toutefois : vous serez assujetti à la CVAE, mais vous n’en serez pas redevable et ne paierez donc pas cet impôt. Le taux d’imposition est en effet de 0 % en dessous de 500 000 € de chiffre d’affaires.
Notez que la CVAE sera supprimée d'ici 2024. Passée cette date, vous ne serez donc plus concerné par cette déclaration.
La taxe pour frais de chambre consulaire
Seuls les commerçants et artisans sont concernés. Pourquoi ? Tout simplement parce la taxe pour frais de chambre consulaire participe au financement de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) et de la Chambre des Métiers et de l'Artisanat (CMA).
La taxe pour frais de chambre de commerce et d’industrie (TCCI) représente :
- 0,044 % pour les prestations de service commerciales
- 0,015 % pour la vente de marchandises, restauration, hébergement
- 0,007 % pour les artisans en double immatriculation CCI-CMA
Si vous êtes loueur de meublés ou en BNC (y compris les professions libérales), vous n’avez pas régler la TCCI.
La taxe pour frais de chambre de métiers et de l’artisanat représente quant à elle :
- 0,48 % pour les prestations de service artisanales (0,65 % en Alsace et 0,83 % en Moselle)
- 0,22 % pour l’achat-revente par un artisan (0,29 % en Alsace et 0,37 % en Moselle)
Il existe quelques cas d’exonérations. N’hésitez pas à vous renseigner auprès de votre CFE.
Bon à savoir
Le montant de la taxation est proportionnel à votre chiffre d'affaires et vous vous en acquittez en même temps que vos cotisations sociales, lors de la déclaration mensuelle ou trimestrielle de votre chiffre d’affaires.
Rappel : n’oubliez pas vos cotisations sociales !
Les cotisations sociales ne relèvent pas de la fiscalité à proprement parler. Vous devrez toutefois les prendre en compte dans le calcul global de vos charges. Voici l’essentiel à retenir.
À quoi servent les cotisations sociales ?
Les auto-entrepreneurs versent des cotisations sociales afin de financer leur protection sociale obligatoire :
- la CSG/CRDS
- les allocations familiales
- l’assurance maladie-maternité
- les retraites de base et complémentaire obligatoire
- le régime invalidité et décès
- les indemnités journalières (uniquement pour les artisans et commerçants).
Parallèlement au versement de ces cotisations, les auto-entrepreneurs paient également la CFP, la Contribution à la Formation Professionnelle. Ils profitent ainsi de droits à la formation auto-entrepreneur.
Quels sont les taux des cotisations sociales ?
Les taux de cotisations sociales et de CFP varient en fonction de la nature de votre activité. En 2022, les taux sont les suivants.
Activité | Cotisations sociales | Taux de cotisation CFP | Cotisations totales |
Vente de marchandises (BIC) | 12,3 % | 0,1 % | 12,4 % |
Prestations de services artisanales (BIC) | 21,2 % | 0,3 % | 21,5 % |
Prestations de services commerciales (BIC) | 21,2 % | 0,1 % | 21,3 % |
Autres prestations de services et professions libérales (BNC) | 21,1 % | 0,2 % | 21,3 % |
Professions libérales affiliées à la Cipav | 21,2 % | 0,2 % | 21,4 % |
Toutefois, les nouveaux créateurs d’entreprise peuvent bénéficier de l’ACRE (sous conditions), c’est-à-dire d’une exonération partielle et dégressive de leurs cotisations sociales, pendant leur première année d'activité.
Les impôts et taxes de votre auto-entreprise n’ont désormais plus de secret pour vous. Armez-vous de patience et apprivoisez les formulaires en ligne qui vous concernent et tout ira pour le mieux dans le meilleur des traitements fiscaux possible !
La fiscalité vous paraît toujours complexe ? Il est possible de se former pour devenir expert dans la gestion et la comptabilité de son auto-entreprise. Des formations 100 % éligibles au CPF existent. C'est le cas de l'organisme Educademy : ses formations complètes et ludiques vous permettront d’avancer avec confiance et sérénité dans votre projet.