Avec plus de 2,5 millions d’inscrits, le statut d’auto-entrepreneur s’impose comme l’un des moteurs de l’initiative économique en France. Création rapide, autonomie, flexibilité : il séduit des profils très variés, des jeunes créateurs aux salariés en quête de revenus complémentaires, en passant par des professionnels expérimentés désireux de relancer leur carrière.
Mais une enquête menée par le Portail Auto-entrepreneur auprès de 500 indépendants met en lumière une réalité contrastée : si la liberté et l’épanouissement dominent, ils cohabitent avec une charge mentale lourde et un sentiment d’isolement.
Liberté et bien-être : un moteur fort
La majorité des répondants déclarent un bon niveau de bien-être.
Beaucoup insistent sur le plaisir retrouvé de travailler pour soi, la richesse des relations qu’ils construisent, ou encore la satisfaction de mener un projet personnel à leur rythme :
« Je ne dépends de personne, je suis autonome dans le relationnel et le travail. Le plaisir de travailler est revenu. »
« Travailler seul est très enrichissant, mais trouver des réponses seul n’est pas toujours simple. »
Ce sentiment d’autonomie constitue un moteur puissant, mais il s’accompagne de nouvelles responsabilités parfois difficiles à gérer.
Quand l’administration pèse sur le quotidien
Derrière cet élan se cache une autre réalité : celle d’un stress chronique lié aux obligations administratives.
- 36,9 % déclarent ressentir du stress régulièrement, et 5,9 % quotidiennement.
- La création de l’entreprise est vécue comme l’étape la plus compliquée, suivie par l’ouverture d’un compte URSSAF ou la recherche de financement.
- Les déclarations de revenus, de chiffre d’affaires, de CFE et de TVA constituent les principales sources de difficultés.
- Près d’1 sur 2 estime avoir déjà commis une erreur dans ses démarches.
- Et 36 % se disent mal ou pas du tout informés, renforçant le sentiment d’incertitude.
Autrement dit, la simplicité promise du régime se heurte encore à une complexité perçue comme anxiogène.
L’accès aux droits : un parcours semé d’embûches
Un chiffre illustre bien ce paradoxe : près d’un auto-entrepreneur sur deux a déjà renoncé à une aide ou prestation sociale à cause de démarches trop complexes. Prime d’activité, ACRE, droits à la retraite ou minima sociaux : ces dispositifs existent, mais restent hors de portée pour beaucoup faute d’accompagnement ou de clarté.
Ce manque d’accès ne fragilise pas seulement la situation économique des indépendants, il alimente aussi la charge mentale et le sentiment d’être « en dehors des règles », une source majeure de stress.
La gestion quotidienne : jongler entre clients et paperasse
Si la recherche de clients et la visibilité de l’activité arrivent en tête des difficultés, la gestion administrative demeure chronophage :
- La majorité consacre 1 à 3 heures par semaine aux démarches.
- Près des trois quarts assument seuls leurs obligations, sans outils ni accompagnement.
Un répondant illustre cette réalité par une métaphore parlante :
« Lorsqu’on est solo entrepreneur, on porte tout à bout de bras, en étant à la fois au four et au moulin : planter les graines, récolter, vendre, sans compter la comptabilité et l’administratif… »
La face cachée : stress et solitude
Derrière l’enthousiasme, beaucoup évoquent un stress chronique lié à l’instabilité administrative et fiscale.
- La crainte d’être “hors des règles” est omniprésente, traduisant un manque de clarté dans les démarches.
- Nombreux sont ceux qui parlent de solitude entrepreneuriale, une conséquence directe d’un statut centré sur l’indépendance.
- Et si l’autonomie est appréciée, elle peut se transformer en surcharge mentale, rendant difficile l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Télécharger l’enquête dans son intégralité
7 propositions pour améliorer le quotidien des auto-entrepreneurs
Dans ce contexte, les plateformes spécialisées comme le Portail Auto-Entrepreneur jouent un rôle croissant. En aidant les auto-entrepreneurs à gérer leurs formalités, elles réduisent la charge mentale, limitent les erreurs et libèrent du temps pour le cœur de l’activité : développer son business.
Comme le souligne Audrey Lagerqvist, dirigeante de Portail Auto-entrepreneur :
« Les auto-entrepreneurs constituent une force vive pour l’économie française. Leur énergie et leur créativité sont remarquables, mais trop souvent freinées par la lourdeur des démarches et la charge mentale qu’elles génèrent. En levant ces obstacles, la France pourra libérer pleinement le potentiel de ces entrepreneurs. »
Alors que la santé mentale a été désignée Grande Cause nationale 2025, et que le projet de loi de finances 2026 approche, les indépendants attendent des mesures fortes : simplification, stabilité, reconnaissance.
L’enquête révèle dix propositions formulées par les indépendants eux-mêmes pour améliorer leur quotidien :
- Simplification administrative : guichet unique, harmonisation entre Urssaf et impôts, outils automatisés.
- Accompagnement renforcé : suivi personnalisé, surtout lors de la première année d’activité.
- Accès aux droits sociaux : meilleure couverture maladie, retraite, chômage, arrêts de travail.
- Soutien économique : allègement des charges, accès facilité au crédit, meilleure déduction des frais.
- Reconnaissance accrue : valorisation du rôle économique et social des auto-entrepreneurs auprès des institutions et des banques.
- Formation et information : contenus clairs, vulgarisation juridique et fiscale, accès facilité aux formations.
- Soutien psychologique : lutte contre la solitude, empathie dans les relations avec l’administration.
Ces attentes dessinent une priorité : conserver la liberté du statut, tout en réduisant la charge mentale qu’il génère.
Transformer la fragilité en force
L’enquête confirme une ambivalence : le statut offre une liberté précieuse mais exigeante, qui peut fragiliser ceux qui la portent seuls. Pourtant, loin d’un constat pessimiste, ces résultats révèlent surtout une formidable énergie entrepreneuriale et une volonté de réussir.
Simplifier les démarches, améliorer la protection sociale et renforcer l’accompagnement ne sont pas seulement des ajustements techniques : ce sont des leviers essentiels pour libérer le potentiel de millions d’indépendants et leur permettre de contribuer pleinement à la vitalité économique et sociale de la France.
Et vous, auto-entrepreneurs : que changeriez-vous en priorité pour alléger votre quotidien ?
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