Bon à savoir
Une absence des annexes obligatoires peut créer un vice de forme et rendre votre bail non conforme.
Lorsqu’un entrepreneur souhaite exercer son activité dans un local, le choix du contrat de location est déterminant.
Deux types de baux coexistent : le bail commercial, très encadré juridiquement, et le bail professionnel, plus souple, avec moins de protection juridique mais réservé à certaines professions.
Ce guide vous aide à comprendre : à quels types d’activités chaque bail s’applique, les différences majeures (durée, loyer, charges, résiliation…) ainsi que vos droits et obligations en tant que locataire ou bailleur.
Voici les points clefs à retenir pour choisir entre bail professionnel et bail commercial :
Le bail commercial offre une forte protection au locataire mais impose un cadre juridique strict.
Le bail professionnel est plus flexible, mais moins protecteur.
Le choix dépend de :
Le bail commercial est un contrat par lequel un propriétaire (le bailleur) met à disposition un local professionnel ou commercial à un locataire (le preneur). Ce local doit être utilisé pour exploiter un fonds de commerce, industriel ou artisanal.
Dès que les conditions sont réunies, le bail commercial applique automatiquement un ensemble de règles protectrices appelées le statut des baux commerciaux. Ce régime, défini par l’article L145-1 du Code de commerce, concerne « les baux des immeubles ou locaux dans lesquels un fonds est exploité », c’est-à-dire les lieux permettant au commerçant ou artisan d’exercer son activité.
Le mot de l’expert , Tom Denichou : “Le régime du bail commercial regroupe des dispositions d'ordre public, ce qui signifie que certaines règles sont impératives et protègent le locataire, empêchant les parties (bailleur et preneur) d'y déroger par contrat.”
Il s’applique lorsque 4 conditions cumulatives sont réunies :
Le bail commercial est souvent appelé "bail 3-6-9" : il doit durer au moins 9 ans, avec la possibilité pour le locataire de résilier tous les 3 ans. Il offre notamment un droit au renouvellement très protecteur pour le locataire.
Le bail commercial concerne les activités :
Il est obligatoire pour certaines professions réglementées (par exemple pour les salons de coiffure).
Pour les activités ambulantes ou sans local fixe, il peut être remplacé par une carte de commerçant ambulant (par exemple pour les food trucks).
Il sert aussi de justificatif pour la domiciliation commerciale : la date du bail doit toujours précéder la date de début d’activité.
Un bail commercial écrit doit contenir notamment :
Bon à savoir
Une absence des annexes obligatoires peut créer un vice de forme et rendre votre bail non conforme.
La durée minimale du bail commercial est de 9 ans.
Dans un bail commercial, le locataire (preneur) dispose de deux possibilités pour mettre fin au contrat :
Quant au bailleur, il ne peut utiliser la résiliation triennale que dans des cas très limités. Il peut donner congé uniquement pour l’un des motifs suivants :
En pratique, ces dispositifs sont rarement utilisés. En effet, s’il met fin au bail pour l’un de ces motifs, le bailleur doit verser au locataire une indemnité d’éviction, ou lui proposer un local de remplacement équivalent pendant la durée des travaux.
Même en offrant un local de remplacement, le bailleur reste redevable d’une indemnité complémentaire, destinée à compenser :
Au moment de signer le bail, bailleur et locataire fixent librement :
En règle générale, la révision du loyer peut se dérouler tous les 3 ans à l'issue de chaque période. Cette révision est encadrée par la règle du plafonnement :
La loi Pinel a renforcé la transparence dans les baux commerciaux, notamment en imposant au bailleur de fournir un inventaire précis et limité des charges, impôts, taxes et redevances. L’objectif : éviter les abus et clarifier ce qui peut être facturé au locataire.
À ce titre, l’article R145-35 du Code de commerce énumère une liste de dépenses que le bailleur ne peut en aucun cas transférer au locataire. Il s’agit notamment :
Toute clause qui mettrait ces dépenses à la charge du locataire est considérée comme nulle et non écrite. Il est donc essentiel de rédiger et de relire la clause de répartition des charges avec beaucoup d’attention.
Le renouvellement d’un bail commercial peut être demandé par le bailleur ou par le locataire.
Le bailleur propose le renouvellement en donnant congé par commissaire de justice, au moins 6 mois avant la fin du bail.
Le congé indique généralement le nouveau loyer, qui peut être déplafonné.
Sans action devant le tribunal dans les 2 ans, le bail est renouvelé au loyer précédent.
Le locataire peut demander le renouvellement par commissaire de justice ou lettre recommandée, dans les 6 mois avant la fin du bail ou après.
La demande doit contenir la mention légale informant le bailleur qu’il a 3 mois pour répondre, faute de quoi il est réputé accepter.
Le bailleur peut refuser sans indemnité uniquement dans des cas précis (construction, surélévation, travaux prescrits, démolition dans le cadre d’un projet urbain).
Dans les autres situations, il doit verser une indemnité d’éviction, si le locataire :
Concernant le loyer du bail renouvelé, celui-ci est plafonné et recalculé selon l’indice ILC.
Le déplafonnement est possible si :
Même déplafonné, le loyer ne peut augmenter de plus de 10 % par an.
Le bail professionnel est un contrat de location destiné aux professions libérales réglementées ou non :
Il s’applique lorsqu’il n’y a pas d’exploitation d’un fonds commercial. Le statut des baux professionnels est prévu à l'article 57 A de la loi n°86-1290 du 23 décembre 1986.
Contrairement au bail commercial, il est très souple : les parties disposent d’une large liberté contractuelle.
Dans le cadre d'un bail professionnel, la durée minimale est de 6 ans. Le renouvellement du bail professionnel est tacite et pour la même durée.
Le bail peut être résilié par le locataire à tout moment avec un préavis de 6 mois. Le bail peut être résilié par le bailleur uniquement à l'échéance.
Dans le cadre d’un bail professionnel, le propriétaire est engagé pour une durée minimale de 6 ans. Une fois ce délai écoulé, il peut choisir de ne pas renouveler le bail, à condition d’en informer le locataire en respectant un préavis de 6 mois.
Dans un bail professionnel, le montant du loyer est fixé librement entre le bailleur et le locataire. Le contrat précise également les modalités de paiement : mensuel ou trimestriel, en début ou en fin de période.
La loi n’impose aucune révision automatique du loyer. Toutefois, le bail peut prévoir une clause de révision, généralement indexée sur un indicateur comme :
S’il n’existe aucune clause de révision, le loyer reste inchangé pendant toute la durée du bail.
Bon à savoir
Dans un bail mixte (habitation + activité professionnelle), le loyer peut être révisé chaque année en fonction de l’indice de référence des loyers (IRL).
Dans un bail professionnel, la répartition des charges, les modalités de travaux, les impôts et taxes sont fixés librement par les parties. Tout dépend donc de ce qui est prévu dans le contrat.
Si le bail ne précise rien, c’est le propriétaire qui doit assumer :
En pratique, la plupart des contrats prévoient que les gros travaux restent à la charge du propriétaire, tandis que le locataire prend en charge les petites réparations courantes.
Information importante
En cas de litige entre le propriétaire et le locataire, c'est le tribunal judiciaire qui est compétent.
Dans un bail professionnel, le locataire peut sous-louer le local, sauf si le contrat l’interdit. Il doit simplement en informer le propriétaire.
Même en cas de sous-location, le locataire principal reste entièrement responsable vis-à-vis du bailleur : il doit veiller au respect du bail par le sous-locataire et s’assurer du paiement des loyers.
Le locataire peut également céder son bail professionnel, sauf si une clause du contrat prévoit le contraire.
Le bail peut imposer certaines conditions pour cette cession, comme l’accord préalable du bailleur ou l’obligation de formaliser la cession par un acte notarié.
Dans tous les cas, le locataire doit informer le propriétaire lorsqu’il cède son bail.
Si vous êtes micro-entrepreneur et que vous hésitez entre bail commercial et bail professionnel pour votre local, voici une comparaison point par point.
Comparons les activités autorisées entre bail professionnel et bail commercial.
| Critère | Bail commercial | Bail professionnel |
|---|---|---|
| Types d’activités | Commerciales, artisanales, industrielles | Professions libérales |
| Fonds de commerce | Obligatoire | Aucun |
| Immatriculation | RCS / RM | Non obligatoire |
Voici les différences entre le bail professionnel et le bail commercial en termes de durée et de conditions de résiliation.
| Élément | Bail commercial | Bail professionnel |
|---|---|---|
| Durée minimale | 9 ans | 6 ans |
| Résiliation locataire | Tous les 3 ans ou retraite/invalidité | À tout moment (6 mois) |
| Résiliation bailleur | Très limitée + indemnité d’éviction | À l’échéance (6 mois) |
Comparons les conditions de loyer entre un bail commercial et un bail professionnel.
| Élément | Bail commercial | Bail professionnel |
|---|---|---|
| Révision | Encadrée (ILC/ILAT) | Libre (si clause) |
| Plafonnement | Oui (sauf exceptions) | Non |
| Déplafonnement | Possible | Sans objet |
| Élément | Bail commercial | Bail professionnel |
|---|---|---|
| Répartition | Très encadrée (loi Pinel) | Contractuelle |
| Travaux | Gros travaux non imputables au locataire | Selon contrat |
| Élément | Bail commercial | Bail professionnel |
|---|---|---|
| Droit au renouvellement | Oui | Non |
| Indemnité d’éviction | Oui (sauf exceptions) | Non |
| Élément | Bail commercial | Bail professionnel |
|---|---|---|
| Sous-location | Interdite sauf clause | Autorisée sauf clause |
| Cession du bail | Oblig. permise lors cession du fonds | Libre (peut être interdite) |
Si vous êtes auto-entrepreneur locataire d’un espace pour votre activité pensez à :
Vous avez maintenant toutes les clefs pour choisir le bail qui correspondra à votre local professionnel. Si vous souhaitez vous concentrer sur votre projet plutôt que sur les démarches administratives, confiez-nous la création de votre micro-entreprise !
Si vous avez signé un bail professionnel, vous pouvez résilier le bail à tout moment avec un préavis de 6 mois.
Si vous avez signé un bail commercial, vous pouvez mettre fin au contrat de deux facons :
En tant que locataire, si vous signez un bail professionnel alors que votre activité relève en réalité du bail commercial, la loi donne automatiquement la priorité au statut des baux commerciaux.
Cette requalification peut intervenir :
Ainsi,
Si un locataire exerce une activité libérale avec un bail commercial, cela ne crée pas d’irrégularité majeure, car il est possible d’opter volontairement pour un bail commercial.
En revanche, si un locataire exerce une activité commerciale ou artisanale avec un bail professionnel, alors :
Enfin dans ce cas :
Dans le cadre du bail commercial, le bailleur ne peut en aucun cas transférer au locataire :
Dans le cadre du bail professionnel, rien n’est encadré par la loi concernant les travaux. En pratique, la plupart des contrats prévoient que les gros travaux restent à la charge du propriétaire, tandis que le locataire prend en charge les petites réparations courantes.