statut freelance

Statut freelance : tout ce qu'il faut savoir pour se lancer

5 mai 2025
15 min  · Par Malcom Tchamte
Travailler en freelance attire de plus en plus de professionnels en quête de liberté, de flexibilité et de contrôle sur leur activité professionnelle. Pourtant, avant de se lancer, il est indispensable de bien comprendre le statut freelance et ses implications juridiques, fiscales et sociales. Cet article vous propose un tour d'horizon complet pour savoir quel statut juridique choisir, connaître les alternatives comme le portage salarial, et gérer au mieux votre activité.

Qu'est-ce que le statut freelance ?

Le statut freelance désigne une manière d’exercer une activité professionnelle de façon indépendante, sans lien de subordination avec un employeur. Le freelance propose ses services à des clients, négocie librement ses conditions de travail, choisit ses missions, fixe ses tarifs, et organise lui-même son emploi du temps. Ce mode de travail repose sur l’autonomie et la responsabilité.

Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, le « statut freelance » n’est pas un statut juridique reconnu par la loi française. Il s’agit d’un terme d’usage, qui recouvre plusieurs formes juridiques spécifiques. Le freelance exerce donc son activité sous un cadre légal existant, qu’il choisit en fonction de ses objectifs, de ses besoins et de la nature de son activité.

 

Bon à savoir

En France, un freelance peut exercer son activité sous différents statuts juridiques : auto-entrepreneur (ou micro-entrepreneur), entreprise individuelle, entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL), société par actions simplifiée unipersonnelle (SASU), ou encore en portage salarial.

Freelance et salariat, quelle différence ?

La distinction fondamentale entre un freelance et un salarié tient dans l’absence de lien de subordination. Le freelance ne reçoit pas d’ordre hiérarchique, ne suit pas d’horaires imposés par un employeur, et organise son travail comme il l’entend. Il ne bénéficie pas non plus du cadre protecteur du contrat de travail : pas de congés payés, pas d’assurance chômage (sauf en portage salarial), pas de protection contre le licenciement...

 

Information importante

En cas de doute, l’URSSAF ou le juge peut requalifier une relation freelance en contrat de travail, notamment si le client impose des horaires fixes ou un contrôle strict de l’activité.

Le freelance est-il un entrepreneur ?

Oui, le freelance est un entrepreneur à part entière. Il est à la fois prestataire de services et chef d'entreprise, même s’il travaille seul. Il assume l’ensemble des responsabilités liées à son activité : prospection commerciale, gestion des devis et des factures, déclarations sociales et fiscales, relation client, mais aussi stratégie de développement et veille métier.

Contrairement à une idée reçue, le freelance ne se contente pas d’enchaîner les missions. Il doit adopter une véritable posture entrepreneuriale : réfléchir à son positionnement sur le marché, fixer ses tarifs de manière cohérente, organiser sa trésorerie, investir dans ses outils ou sa formation, et anticiper les périodes de baisse d’activité.

Ce rôle implique aussi de faire des choix structurants : quel statut juridique adopter, comment organiser son activité, quel régime fiscal choisir, et surtout comment construire une activité durable, rentable, et compatible avec ses objectifs de vie.

Quels sont les profils types de freelances ?

Aujourd’hui, les freelances sont présents dans presque tous les secteurs d’activité. Si le travail indépendant a d’abord conquis les métiers du digital, il s’est largement étendu à de nombreux domaines, des plus techniques aux plus humains.

Voici un panorama des grands profils de travailleurs indépendants que l’on retrouve sur le marché français :

Les freelances créatifs

Graphistes, illustrateurs, photographes, vidéastes, motion designers… Ces indépendants interviennent souvent dans les domaines de la communication, de la publicité ou de l’événementiel. Ils collaborent fréquemment avec des agences, des médias ou des marques.

Les freelances techniques

Développeurs web, data analysts, administrateurs systèmes, spécialistes de l’IA ou de la cybersécurité. Très recherchés, notamment dans les start-up ou les ESN, ces profils combinent expertise technique et agilité. Leurs activités s’adaptent bien aux missions ponctuelles ou en télétravail.

Les freelances du conseil et de la stratégie

Consultants en management, RH, organisation, auditeurs, coachs professionnels… Ils accompagnent les entreprises sur des problématiques complexes et à forte valeur ajoutée. Ce sont souvent d’anciens cadres reconvertis en travailleurs indépendants.

Les freelances de l’accompagnement humain

Coachs de vie, sophrologues, praticiens en bien-être, thérapeutes ou formateurs en développement personnel. Leur activité repose sur l’écoute, l’empathie et un accompagnement individuel. Ils exercent souvent sous le statut de micro-entrepreneur en libéral.

Les freelances artisans et techniciens

Décorateurs, couturiers, techniciens du spectacle, artisans d’art, installateurs spécialisés… Ces profils exercent une activité professionnelle concrète et manuelle. Bien que moins représentés dans les études, ils incarnent pleinement l’esprit du travail indépendant.

 

Information importante

Certaines professions sont dites réglementées (avocats, architectes, experts-comptables, médecins, infirmiers, etc.). Leur exercice en freelance est soumis à des conditions strictes et à des statuts juridiques spécifiques. Avant de se lancer, il est indispensable de vérifier la compatibilité de votre activité avec le statut envisagé.

Pourquoi devenir freelance ?

Si le fait d'être son propre patron peut paraître séduisant, cela ne convient cependant pas à tout le monde. Avant de se lancer, il est essentiel de peser les avantages concrets de ce mode de travail… et d’en mesurer aussi les contraintes. Car si le statut de freelance offre de réelles libertés, il demande aussi de savoir jongler avec l’incertitude, l’autonomie et les responsabilités.

Les avantages du statut de freelance

  • Flexibilité totale sur les horaires et le lieu de travail : 

    Travailler tôt le matin ou en fin de journée, en ville ou à la campagne, chez soi ou dans un coworking : le freelance décide de tout. Il adapte son emploi du temps à ses contraintes et à ses envies, sans avoir besoin de demander d’autorisation.

  • Une diversité de missions qui stimule : 

    Changer régulièrement de client, de secteur ou de type de projet permet de sortir de la routine. C’est un excellent moyen de progresser rapidement, de rester curieux et de ne jamais s’ennuyer.

  • La liberté de choisir ses projets et ses clients : 

    En freelance, on peut dire non à une mission qui ne correspond pas à ses valeurs ou à son domaine. On peut aussi se spécialiser, se réinventer, tester de nouveaux services. C’est un luxe que beaucoup recherchent.

  • Un potentiel de revenus plus élevé : 

    Même s’il n’est pas garanti, le chiffre d’affaires peut grimper rapidement si le positionnement est clair, la demande forte et les compétences rares. Et contrairement au salariat, les plafonds sont souvent ceux qu’on se fixe soi-même.

Les inconvénients du statut de freelance

  • Des revenus parfois instables : 

    Un mois peut être très rentable, le suivant beaucoup plus calme. Cette instabilité demande une gestion rigoureuse, et parfois une bonne tolérance à l’incertitude.

  • La nécessité de chercher constamment des clients : 

    Trouver des missions, négocier ses tarifs, répondre à des briefs, relancer des prospects... En freelance, la prospection est un travail à part entière, surtout au début.

  • Une protection sociale limitée : 

    Pas d’indemnités chômage en cas d’arrêt d’activité (hors portage), pas de congés payés, et une couverture santé/retraite plus faible que celle d’un salarié classique. Il faut parfois compenser avec des assurances complémentaires.

  • Une charge mentale et administrative bien réelle :

    Facturation, relances, déclarations, organisation, stratégie... On est seul à bord. Cela peut être pesant, surtout sans outils adaptés ou réseau de soutien.

  • Le risque d’isolement : 

    Travailler seul, souvent à domicile, peut entraîner une forme de solitude professionnelle. Il est essentiel de maintenir un lien avec d’autres indépendants ou de rejoindre des réseaux.

Tableau récapitulatif

 FreelanceSalarié
Statut juridique

Indépendant, chef d’entreprise

Contrat de travail
Lien de subordinationAucunOui
RevenusVariables, potentiellement plus élevésFixes, prévisibles
HorairesLibresImposés ou négociés
Clients / missionsChoisis librementImposés par l’employeur
Protection socialeLimitée (sauf portage)Complète (maladie, chômage, retraite, etc.)
CongésNon rémunérésPayés
ResponsabilitésTotales (administration, prospection, stratégie, etc.)Limitées à son poste
Charge mentaleForte autonomie, mais forte pression parfoisEncadrement hiérarchique, pression organisationnelle

 

Bon à savoir

Certains freelances choisissent de cumuler les deux modèles, en lançant leur activité en parallèle d’un emploi salarié grâce au régime de la micro-entreprise.

Pour en savoir plus : Peut-on être auto-entrepreneur et salarié ?

Quel statut juridique choisir pour exercer en freelance

La micro entreprise : le choix de la simplicité

La micro-entreprise (anciennement auto-entreprise) est le statut privilégié des freelances débutants. Elle séduit par sa souplesse de gestion, ses formalités de création rapides, et son cadre fiscal et social ultra-simplifié. C’est le choix idéal pour tester une activité indépendante sans prendre de risques majeurs, que ce soit en sortie d’études, en reconversion ou en complément d’un emploi salarié.

Ce statut repose sur une logique simple : vous déclarez votre chiffre d’affaires, et vos cotisations sociales sont calculées automatiquement sur ce montant, sans tenir compte de vos dépenses. Aucun bilan comptable n’est requis, et la franchise de TVA est applicable sous certains seuils, ce qui allège encore la gestion quotidienne.

Pour en savoir plus : Déclarations obligatoires de l’auto-entrepreneur

 

Information importante

Pour bénéficier du régime micro, le chiffre d’affaires ne doit pas dépasser 77 700 € par an pour les prestations de service, ou 188 700 € pour les activités commerciales (seuils 2025). Ces plafonds sont évalués sur l’année civile.

Côté fiscalité, la micro-entreprise relève du régime micro fiscal : l’administration applique un abattement forfaitaire (34 % pour les professions libérales, 50 % pour les activités commerciales ou artisanales), et calcule ensuite l’impôt sur le revenu sur la base restante.

Il est également possible d’opter pour le versement libératoire, un système pratique où l’impôt est directement prélevé chaque mois ou trimestre (à hauteur de 2,2 % pour les prestations de services libérales et 1,7% pour les prestations de services commerciales et artisanales).

La création se fait en ligne, via le Guichet unique. Elle ne nécessite aucun capital et aucun statut juridique à rédiger. En revanche, une inscription au registre du commerce ou des métiers peut être obligatoire selon la nature de l’activité. Au-delà de 10 000 € de chiffre d’affaires sur deux années consécutives, l’ouverture d’un compte bancaire dédié devient également obligatoire.

Pour en savoir plus : Compte bancaire auto-entrepreneur : tout comprendre

Si la micro-entreprise brille par sa simplicité, elle présente aussi certaines limites. Impossible, par exemple, de déduire ses frais réels : les dépenses de coworking, de logiciels ou de matériel ne sont pas prises en compte fiscalement. La protection sociale reste minimale (pas d’assurance chômage, couverture retraite limitée), et la responsabilité de l’entrepreneur est illimitée, même si une protection du patrimoine personnel est garantie depuis 2022 grâce à la réforme de l’entreprise individuelle.

Ce statut reste néanmoins le plus accessible, tant en termes de formalités que de coûts. Il convient parfaitement aux freelances qui souhaitent tester leur modèle économique, démarrer doucement ou conserver une activité indépendante en parallèle d’un emploi salarié.

 

Bon à savoir

Si vos revenus augmentent rapidement ou si vous souhaitez déduire vos charges professionnelles, il est possible de basculer vers un autre statut juridique comme l’EURL ou la SASU.

Créer sa micro-entreprise peut être simple… à condition d’être bien accompagné. Pour éviter les erreurs dès le départ, choisir les bons paramètres (activité, régime fiscal, périodicité de déclaration, etc.) et bénéficier d’un suivi personnalisé, vous pouvez confier votre inscription à notre équipe. Le Portail Auto-Entrepreneur propose un service complet de création de micro-entreprise, adapté aux freelances : c’est rapide, fiable, et accessible à tous.

DEVENIR AUTO-ENTREPRENEUR

L'entreprise individuelle (EI)

L’entreprise individuelle est une autre forme juridique très prisée des freelances. Elle convient particulièrement à ceux qui souhaitent aller au-delà des plafonds de la micro-entreprise, ou qui veulent bénéficier d’une fiscalité au réel tout en gardant une structure simple qui n’implique pas de créer une société.

Depuis la réforme entrée en vigueur en mai 2022, l’entreprise individuelle offre une protection du patrimoine personnel de plein droit. Concrètement, vos biens personnels (hors local professionnel, véhicule dédié, etc.) sont séparés automatiquement de votre patrimoine professionnel. C’est une avancée majeure qui sécurise le statut tout en maintenant sa simplicité.

L’EI vous permet d’exercer votre activité en votre nom propre, sans capital social ni formalités complexes. Sur le plan fiscal, l’EI permet de déduire les frais professionnels réels (loyer, matériel, abonnements…), ce qui la distingue fortement de la micro-entreprise. L’imposition se fait à l’impôt sur le revenu (IR) dans la catégorie BIC ou BNC selon la nature de l’activité. Depuis la réforme, il est aussi possible, sous conditions, d’opter pour l’impôt sur les sociétés (IS). Cela peut permettre d’optimiser son imposition si l’activité est bénéficiaire, ou si l’on souhaite capitaliser dans l’entreprise.

Contrairement à la micro-entreprise, l’entreprise individuelle peut nécessiter une comptabilité complète selon le régime choisi : tenue de livres comptables, bilan, compte de résultat… Cela implique souvent de se faire accompagner, ou d’investir dans des outils adaptés. Le régime social reste celui des travailleurs indépendants (SSI), avec un calcul des cotisations basé cette fois sur le résultat net, et non sur le chiffre d’affaires.

L’EI offre donc un bon compromis pour les freelances à l’activité stable et structurée, qui cherchent plus de marge de manœuvre fiscale et une meilleure crédibilité vis-à-vis des clients ou des partenaires, sans basculer dans une logique de société.

Pour en savoir plus : Entreprise Individuelle (EI) vs statut auto-entrepreneur : le comparatif

L'entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL)

L’EURL est une forme de société à associé unique qui permet à un freelance de structurer son activité sous la forme d’une personne morale, tout en gardant un contrôle total sur la gestion. C’est une option intéressante pour les professionnels qui souhaitent bénéficier d’une meilleure protection juridique, d’une fiscalité modulable, et qui sont prêts à assumer des formalités plus lourdes qu’en entreprise individuelle.

Contrairement à la micro-entreprise ou à l’EI, l’EURL crée une entité juridique distincte du freelance. Cela signifie que les engagements pris dans le cadre de l’activité relèvent de la société — et non de la personne physique. L’entrepreneur ne risque donc que ce qu’il investit dans la société : ses biens personnels sont protégés par la structure même de l’EURL, qui institue une séparation juridique claire et opposable. Cette distinction formelle renforce la sécurité patrimoniale de manière plus robuste que dans une entreprise individuelle.

Sur le plan fiscal, l’EURL est par défaut imposée à l’impôt sur le revenu (IR), ce qui peut être avantageux pour les freelances qui dégagent des revenus modestes. Mais elle peut aussi opter pour l’impôt sur les sociétés (IS), une solution parfois plus optimisée lorsque l’activité génère des bénéfices importants.

 

Bon à savoir

Si l’entrepreneur est l’associé unique et exerce en tant que gérant majoritaire, il relève du régime social des travailleurs indépendants (SSI).

Pour en savoir plus : Sécurité Sociale des Indépendants (SSI)

Côté gestion, la création d’une EURL implique davantage de formalités : rédaction de statuts, dépôt de capital (même symbolique), publication d’une annonce légale, immatriculation au registre du commerce, etc. Une comptabilité complète est obligatoire, tout comme l’établissement d’un bilan annuel. En contrepartie, ce statut renforce la crédibilité vis-à-vis des clients, et permet plus facilement d’embaucher, de s’associer ou de faire évoluer son modèle économique.

L’EURL est donc une option sérieuse pour les freelances qui veulent bâtir une activité pérenne, sécuriser leur patrimoine, préparer une croissance future, ou professionnaliser leur image dès le départ. Elle demande une gestion plus rigoureuse, mais offre une grande stabilité pour les entrepreneurs qui voient loin.

La société par actions simplifiée unipersonnelle (SASU)

La SASU est une forme de société à associé unique particulièrement appréciée des freelances qui souhaitent professionnaliser leur activité, tout en conservant une souplesse de gestion et une protection sociale renforcée. Elle se distingue par son adaptabilité et sa capacité à évoluer vers une société pluripersonnelle (SAS) en cas de développement futur.

À la différence de l’EURL, la SASU permet au dirigeant (appelé « président ») d’être affilié au régime général de la sécurité sociale. Cela signifie une couverture sociale équivalente à celle d’un salarié : meilleure retraite, meilleure indemnisation maladie et droit aux allocations chômage sous certaines conditions (ex. en cas de rupture de contrat de travail salarié via la SASU).

Sur le plan fiscal, la SASU est par défaut imposée à l’impôt sur les sociétés (IS). Cela permet de fixer la rémunération du dirigeant de manière stratégique et de conserver une partie du bénéfice dans la société. Le président peut également percevoir des dividendes, non soumis aux cotisations sociales (contrairement à l’EURL). Il est possible, dans certains cas, d’opter pour l’impôt sur le revenu (IR) pendant les cinq premières années, notamment si l’activité est peu bénéficiaire ou si le dirigeant souhaite intégrer les revenus de l’entreprise à son foyer fiscal personnel.

La création d’une SASU implique certaines formalités : rédaction de statuts (relativement libres dans leur forme), dépôt d’un capital social (aucun minimum obligatoire), annonce légale, et immatriculation au registre du commerce. Une comptabilité complète est requise, et les obligations de gestion (assemblées, rapports, bilans) sont comparables à celles d’une société classique.

L’un des atouts majeurs de la SASU réside dans sa souplesse contractuelle : les règles de fonctionnement (transfert d’actions, nomination d’un dirigeant, durée des mandats, etc.) sont largement personnalisables. Cela en fait un statut privilégié pour les freelances ayant un projet évolutif ou un positionnement haut de gamme.

Mais cette flexibilité a un coût. Les charges sociales sont plus élevées que dans une EURL, même avec une rémunération équivalente. Et comme toute société, la SASU demande rigueur, anticipation et accompagnement comptable.

En somme, la SASU s’adresse aux freelances qui visent une activité à forte valeur ajoutée, une image professionnelle poussée, ou une structuration solide pour collaborer avec de grandes entreprises. C’est aussi une option intéressante pour ceux qui souhaitent se verser un salaire régulier et bénéficier d’une protection sociale équivalente à celle des salariés.

 

Bon à savoir

Contrairement à l’EURL, les dividendes versés par une SASU ne sont pas soumis aux cotisations sociales (mais restent soumis aux prélèvements sociaux et à l’impôt).

Tableau récapitulatif

CritèreMicro-entrepriseEI (classique)EURLSASU
Nature juridiqueEI simplifiée (personne physique)Entreprise individuelle (personne physique)Société unipersonnelle (personne morale)Société unipersonnelle (personne morale)
CréationTrès simple (en ligne)Simple, via guichet uniqueStatuts, dépôt de capital, immatriculationStatuts, dépôt de capital, immatriculation
ResponsabilitéPatrimoine protégé depuis 2022Patrimoine protégé depuis 2022Limitée aux apportsLimitée aux apports
FiscalitéIR avec abattement ou versement libératoireIR (BIC/BNC) ou option ISIR (par défaut) ou option ISIS (par défaut) ou option IR (5 ans max)
Déduction des chargesNonOuiOuiOui
Plafonds de chiffre d'affairesOui : 77 700 € / 188 700 €NonNonNon
TVAFranchise de TVA en dessous d’un certain seuilTVA applicableTVA applicableTVA applicable
Régime socialMicro social / SSISSI (base résultat net)SSI (gérant majoritaire)Régime général (assimilé salarié)
Protection socialeBasiqueAméliorée selon résultatAméliorée selon rémunérationBonne (retraite, maladie, maternité, etc.)
ComptabilitéComptabilité simplifiéeVariable selon le régimeComptabilité complèteComptabilité complète
Optimisation fiscale possibleFaibleMoyenneÉlevéeÉlevée (via salaire + dividendes)
Crédibilité vis-à-vis des clientsMoyenneMoyenneBonneTrès bonne
Idéal pour…Tester une activité et/ou avoir un revenu complémentaireDépasser les plafonds de la micro-entrepriseConsolider son activité, se sécuriser juridiquementAvoir image pro pour des prestations haut de gamme, bénéficier d'une protection sociale

Le portage salarial : une alternative hybride au statut freelance

Le portage salarial est une solution intermédiaire entre le salariat classique et l’entrepreneuriat. Il permet à un professionnel de proposer ses services à des clients en toute autonomie, tout en bénéficiant du statut de salarié grâce à un contrat conclu avec une société de portage.

Contrairement à la micro-entreprise ou à la création d’une société, le portage salarial ne requiert pas de créer sa propre structure juridique. Le freelance signe un contrat de travail avec la société de portage, qui se charge de facturer les prestations auprès du client, de percevoir les paiements, et de reverser un salaire net au freelance, après avoir prélevé ses charges et une commission de gestion.

 

Le saviez-vous ?

En portage salarial, la société de portage établit les devis, facture les clients, collecte les règlements, prélève ses frais de gestion (généralement entre 5 % et 10 %) et verse un salaire au freelance, accompagné d’une fiche de paie.

Ce dispositif est encadré par le Code du travail depuis l’ordonnance du 2 avril 2015. Il repose sur une relation tripartite entre :

  • le freelance porté (prestataire de services),
  • la société de portage (employeur administratif),
  • et le client final (bénéficiaire de la mission).

Avantages du portage salarial

  • Une protection sociale complète

    Le freelance porté cotise comme un salarié : retraite, assurance maladie, prévoyance, mutuelle d’entreprise, et même assurance chômage (sous conditions). Un vrai filet de sécurité pour les indépendants.

  • La simplicité administrative

    Le freelance n’a pas à gérer sa comptabilité, ses déclarations sociales ou sa facturation. Tout est pris en charge par la société de portage.

  • Un accompagnement professionnel

    De nombreuses sociétés de portage proposent un suivi personnalisé, des conseils juridiques, des formations, voire l’accès à un réseau ou des missions via leur plateforme interne.

  • Une crédibilité renforcée

    Le statut de salarié rassure certains clients (notamment les grands comptes ou les marchés publics) qui peuvent être réticents à contractualiser avec un freelance.

Inconvénients du portage salarial

  • Un coût élevé : 

    Les frais de gestion (5 % à 10 %) s’ajoutent aux charges sociales et patronales. Au total, jusqu’à 50 % du chiffre d’affaires facturé peut être absorbé avant d’arriver au salaire net.

  • Moins de liberté contractuelle : 

    Le freelance porté ne signe pas directement avec le client. Certaines décisions (conditions de paiement, avenants, ruptures de mission…) doivent passer par la société de portage.

  • Pas d’optimisation fiscale : 

    Le revenu est exclusivement considéré comme un salaire. Contrairement aux sociétés, il n’est pas possible de déduire des frais ou d’optimiser les revenus via dividendes, amortissements, etc.

  • Une incompatibilité avec certaines aides : 

    Le portage est considéré comme du salariat. Il n’est donc pas cumulable avec certaines aides à la création d’entreprise comme l’ACRE ou l’ARCE.

Le portage salarial s’adresse en priorité aux freelances qui souhaitent concilier autonomie professionnelle et sécurité sociale, sans avoir à gérer la création ou la gestion d’une entreprise. Il est particulièrement adapté aux profils en reconversion, aux consultants en mission longue, ou à ceux qui veulent tester leur activité avant de se structurer juridiquement.

Pour en savoir plus : Portage salarial ou auto-entrepreneur : notre comparatif

Quelle protection sociale pour un travailleur indépendant ?

Lorsque l’on devient freelance, on change de régime social. On quitte la protection du salariat pour rejoindre celle des travailleurs indépendants, avec des droits différents — souvent plus limités — mais aussi une plus grande liberté de choix. Deux régimes sociaux possibles selon le statut :

  • Si vous exercez en micro-entreprise, EI ou EURL (avec gérant majoritaire), vous êtes affilié à la Sécurité sociale des indépendants (SSI).
  • Si vous êtes président de SASU, vous relevez du régime général de la sécurité sociale, comme un salarié, sans bénéficier pour autant du chômage automatique.

En portage salarial, vous êtes salarié à part entière, avec l’ensemble des droits sociaux liés à ce statut (sous réserve des conditions d’éligibilité au chômage, notamment).

Que couvre la Sécurité sociale des indépendants (SSI) ?

La SSI assure une couverture de base, comprenant :

  • L’assurance maladie-maternité : remboursement des soins, arrêts maladie, congé maternité/paternité.
  • La retraite de base et complémentaire : calculée sur la base des revenus déclarés.
  • L’invalidité-décès : prestations en cas d’accident grave ou décès de l’indépendant.
  • Une indemnité journalière : à partir du 4e jour d’arrêt maladie (sous conditions de revenus).

 

Information importante

Les freelances ne sont pas couverts en cas d'accident du travail ni de maladie professionnelle. Il est donc vivement recommandé de souscrire une assurance privée ou une prévoyance pour se protéger.

Mutuelle, prévoyance, chômage : les protections à ne pas négliger

Si le régime obligatoire offre une couverture de base, il reste largement insuffisant pour sécuriser pleinement l’activité d’un travailleur indépendant. En tant que freelance, vous êtes responsable de compléter votre protection sociale sur trois volets essentiels :

  • Mutuelle santé : même si elle n’est pas obligatoire pour un travailleur indépendant, la mutuelle est fortement recommandée. La Sécurité sociale des indépendants ne rembourse qu’une partie des frais de santé, et certains postes (optique, dentaire, hospitalisation) peuvent générer des dépenses importantes. Il existe des mutuelles spécialisées pour les travailleurs non salariés (TNS), qui tiennent compte de la variabilité des revenus. Les contrats responsables offrent un bon équilibre entre couverture et coût. Il est aussi possible, en tant que freelance, d’adhérer à une mutuelle collective via un conjoint salarié, ce qui peut être avantageux.

Pour en savoir plus : Comparatif mutuelles santé Auto-Entrepreneur : Aésio, Stello, Assurland Pro ou Wemind ?

  • Prévoyance : en freelance, une interruption d’activité (due à une maladie ou un accident) peut vite devenir critique. La SSI prévoit des indemnités journalières, mais elles sont souvent insuffisantes pour couvrir les charges fixes ou maintenir un niveau de vie. Une assurance prévoyance professionnelle permet de recevoir un revenu de remplacement en cas d’arrêt de travail, d’invalidité ou d’incapacité. C’est une protection essentielle dès que votre activité devient votre source principale de revenus. On peut y inclure aussi une garantie décès ou un capital pour les proches.

Pour en savoir plus : Prévoyance Auto-Entrepreneur : les meilleures assurances en 2025

  • Chômage : les freelances ne cotisent pas à l’assurance chômage classique. En cas d’arrêt d’activité, aucun revenu de remplacement n’est automatiquement versé, sauf :

    • si vous êtes en portage salarial (vous relevez alors du régime salarié),
    • si vous êtes ancien salarié et que vous avez ouvert des droits à l’ARE (vous pouvez alors cumuler vos droits et les revenus de votre activité sous conditions),
    • ou si vous souscrivez une assurance privée comme la GSC, qui permet de percevoir une indemnisation (sous conditions très strictes, avec carence et coûts élevés).

    En dehors de ces cas, c’est à vous d’anticiper : en constituant une trésorerie de sécurité, en diversifiant vos clients, et éventuellement en envisageant des contrats d’assurance perte de revenu.

 

Le saviez-vous ?

Même en tant que freelance, il est possible, sous certaines conditions, de bénéficier d’une aide au retour à l’emploi : l’Allocation des Travailleurs Indépendants (ATI).

Cette allocation peut être versée pendant plusieurs mois si votre activité a cessé de manière involontaire (liquidation judiciaire ou baisse significative de revenus), à condition d’avoir exercé pendant un certain temps, d’avoir généré un chiffre d’affaires minimum, et de ne pas disposer de ressources suffisantes.

Pour en savoir plus : Assurance chômage des auto-entrepreneurs (ATI) : qu’est-ce que c’est ?

En tant que freelance, vous êtes à la fois votre propre employeur et votre seul filet de sécurité. Comprendre votre régime social et compléter votre protection avec les bons outils (mutuelle, prévoyance, épargne de précaution…) est indispensable pour exercer sereinement sur le long terme. Mieux vous êtes protégé, plus vous pouvez vous concentrer sur ce qui compte vraiment : développer votre activité.

Comment gérer son activité tant que freelance ?

Être freelance, ce n’est pas seulement produire des prestations : c’est aussi gérer une activité professionnelle à part entière, avec des obligations comptables, administratives et fiscales. Quelle que soit la forme juridique choisie (micro-entreprise, entreprise individuelle ou société) une organisation rigoureuse est indispensable pour piloter efficacement son activité.

Les fondamentaux de la gestion freelance

  • Émettre des factures conformes : chaque mission, chaque prestation livrée doit faire l’objet d’une facture respectant les mentions légales obligatoires : identité du prestataire et du client, numéro SIRET, date, numéro de facture chronologique, description de la mission, montant HT ou TTC, taux ou mention de TVA, conditions de paiement, etc. Des erreurs sur une facture peuvent avoir des conséquences juridiques ou fiscales.

Pour en savoir plus : Facture auto-entrepreneur : comment faire ?

  • Suivre vos revenus et vos encaissements : cela peut se faire sous forme d’un livre des recettes (en micro-entreprise), d’un tableau de bord ou d’un logiciel de gestion. Suivre de près son chiffre d’affaires permet de vérifier qu’on reste dans les seuils autorisés (en micro), d’anticiper les régularisations à venir, ou encore de repérer les périodes de creux pour mieux les lisser.
  • Tenir une comptabilité adaptée à votre statut : le niveau d’exigence comptable varie selon votre statut juridique. En micro-entreprise, la gestion est ultra-simplifiée : vous devez simplement tenir un livre des recettes, conserver vos justificatifs et déclarer votre chiffre d’affaires à l’Urssaf. À l’inverse, si vous êtes en entreprise individuelle au réel, en EURL ou en SASU, vous êtes tenu de respecter une comptabilité complète, incluant un bilan annuel, un compte de résultat, un livre-journal, et parfois des déclarations de TVA. Dans ce cas, il est fortement recommandé — voire indispensable — de vous faire accompagner par un expert-comptable.

Enfin, pensez à archiver tous vos documents : devis, factures clients, notes de frais, abonnements professionnels, contrats… Ces pièces comptables doivent être conservées pendant au moins dix ans, en cas de contrôle fiscal ou social.

Gérer son activité de freelance, c’est donc bien plus que “faire tourner une mission”. C’est aussi maîtriser son administratif, s’assurer d’être à jour dans ses obligations, et prendre des décisions éclairées pour développer son entreprise sur des bases solides. Pour vous faciliter la tâche au quotidien, notre outil de facturation Mon Portail vous permet de créer des devis et factures conformes, suivre vos encaissements, et automatiser vos déclarations. Un mois d’essai gratuit est offert pour tester l’outil sans engagement.

J'ESSAYE GRATUITEMENT MON PORTAIL

Quelles sont les aides accessibles aux freelances ?

Même en tant que travailleur indépendant, vous pouvez bénéficier de certaines aides à la création d’entreprise, sous réserve de remplir les critères d’éligibilité. Ces dispositifs peuvent réduire vos charges, sécuriser vos revenus de transition, ou soutenir financièrement le démarrage de votre activité.

L’ACRE (Aide aux Créateurs et Repreneurs d’Entreprise)

LACRE permet de bénéficier d’une exonération partielle de charges sociales pendant la première année d’activité. Le taux de cotisation est réduit (environ 11 % au lieu de 22 % en micro-entreprise, par exemple), ce qui allège considérablement la pression financière du lancement.

Pour bénéficier de l’ACRE, il est nécessaire de vérifier son éligibilité et d’en faire la demande dans les délais prévus. Attention : cette aide n’est valable qu’une fois tous les trois ans.

Le maintien de l’ARE (aide au retour à l’emploi)

Si vous percevez des allocations chômage (ARE), vous pouvez les cumuler temporairement avec vos revenus freelance. Le montant versé est ajusté chaque mois en fonction de votre chiffre d’affaires. C’est un levier précieux pour démarrer sans pression immédiate, tout en continuant à bénéficier d’un filet de sécurité.

Le cumul est possible en micro-entreprise, en EI comme en société, tant que vous respectez les plafonds et déclarez vos revenus auprès de France Travail.

 

Bon à savoir

Plutôt que de maintenir vos allocations chômage mensuelles (ARE), vous pouvez aussi opter pour lARCE (Aide à la Reprise ou à la Création d’Entreprise). Cette option vous permet de recevoir une partie de vos droits restants sous forme de capital, versé en deux fois, afin de soutenir le lancement de votre activité.

Attention : demander l’ARCE met fin au versement mensuel des ARE. Ce choix doit donc être bien réfléchi en fonction de votre situation personnelle et de vos besoins de trésorerie.

Pour en savoir plus : ARE ou ARCE : comment choisir

Les aides locales et prêts d’honneur

Selon votre région, département ou commune, vous pouvez solliciter :

  • des prêts d’honneur à taux zéro, attribués par des réseaux comme Initiative France ou Réseau Entreprendre,
  • des subventions régionales pour les indépendants, l’innovation ou la création d’activité,
  • des dispositifs d’accompagnement via les chambres de commerce ou d’artisanat, ou encore des incubateurs locaux.

Pour en savoir plus : Crédit auto-entrepreneur : comment se financer ?

 

Bon à savoir

Il est toujours utile de contacter votre CCI ou CMA locale pour connaître les dispositifs disponibles dans votre région. Certaines aides sont peu connues mais peuvent faire une vraie différence au lancement.

Les erreurs à éviter quand on devient freelance

Se lancer en freelance offre beaucoup de liberté, mais comporte aussi son lot de pièges, surtout lors des premiers mois. Voici les erreurs les plus fréquentes à éviter pour poser les bases d’une activité saine et durable

Sous-estimer ses charges et obligations

En freelance, ce que vous encaissez n’est pas ce que vous gardez. Entre les cotisations, l’impôt, l’éventuelle TVA, l’assurance pro ou les frais récurrents, le reste à vivre réel peut être bien inférieur au chiffre d’affaires affiché. Anticiper ces dépenses est essentiel pour fixer ses tarifs, construire sa rentabilité… et éviter les mauvaises surprises.

Ne pas anticiper les variations d’activité

Le revenu d’un freelance est rarement linéaire. Une mission bien rémunérée peut être suivie d’un creux de plusieurs semaines. Ne pas prévoir de marge de sécurité, de trésorerie ou de plan d’action pour ces périodes creuses peut fragiliser la stabilité de votre activité dès les premiers mois.

Travailler sans contrat ni cadre juridique

Même si l’ambiance est détendue avec un client, formaliser la relation par un contrat de prestation est indispensable : périmètre de la mission, délai de paiement, propriété intellectuelle, conditions d’annulation… C’est une protection pour vous, mais aussi un gage de professionnalisme.

Pour en savoir plus : Contrat de prestation de service : le guide pour tout comprendre

En résumé, se lancer en freelance, ce n’est pas seulement changer de façon de travailler, c’est aussi adopter une posture entrepreneuriale. Cela implique de choisir un statut juridique adapté, de bien comprendre ses obligations fiscales et sociales, et de s’équiper pour gérer efficacement son activité au quotidien. Micro-entreprise, entreprise individuelle, EURL, SASU, ou portage salarial : chaque option présente des avantages, mais aussi des contraintes. Le bon choix dépendra toujours de votre profil, de vos objectifs et de la nature de votre activité. Quelle que soit la forme choisie, la réussite en freelance repose sur une bonne organisation, une gestion rigoureuse et des outils fiables.

J'ESSAYE GRATUITEMENT MON PORTAIL

L’article "Statut freelance : tout ce qu'il faut savoir pour se lancer"  a été noté 4,5 sur 5 sur 0 avis d'internautes.