Quelles sont les erreurs à éviter pour bien gérer son auto-entreprise ?

10 min
Mis à jour le 20.11.2025
Le statut de micro-entrepreneur est séduisant pour sa simplicité, mais il n’en reste pas moins une véritable entreprise avec ses obligations, sa charge administrative et ses leviers d’optimisation.
Bien gérer son auto-entreprise signifie être en règle, savoir anticiper l’évolution de son activité, sécuriser son projet et maximiser les aides.
Dans cet article nous faisons le point sur les 10 erreurs à éviter dès le départ ou en cours d’activité.

L’essentiel à connaître

La checklist du micro-entrepreneur :

Activité

  • Vérifier que votre activité est autorisée en micro-entreprise.
  • Définir précisément votre activité et sa catégorie (BIC/BNC).

Aides au lancement

  • Vérifier votre éligibilité à l’ACRE et optimiser la date de création.

Déclarations et fiscalité

  • Déclarer votre chiffre d’affaires dans les délais, même à 0 €.
  • Savoir que les frais ne sont pas déductibles au réel.
  • Tenir un livre des recettes et, si nécessaire, un registre des achats.

Compte bancaire

  • Ouvrir un compte dédié si vous dépassez 10 000 € deux années de suite.

Stratégie et protection

  • Définir votre cœur de métier et ne pas multiplier les services.
  • Vérifier vos obligations d’assurance (médiation, RC Pro selon l’activité).

Évolution de l’activité

  • Suivre votre chiffre d’affaires pour anticiper les seuils micro et TVA.

Facturation

  • Respecter les mentions obligatoires et utiliser un logiciel conforme.

Les erreurs de lancement

1. Choisir la mauvaise activité

Au moment de créer votre auto-entreprise, bien définir votre activité est essentiel. Cette étape peut sembler simple, mais une erreur de choix peut entraîner des complications administratives, fiscales voire rendre votre projet totalement incompatible avec le régime.

D’abord, rappelez-vous que toutes les activités ne sont pas autorisées en micro-entreprise. Certaines professions sont exclues car elles nécessitent des cotisations spécifiques, un encadrement strict ou un statut fiscal incompatible. C’est le cas notamment :

  • des professions réglementées (juridique, santé, comptabilité, assurances) ;
  • des activités agricoles rattachées à la MSA ;
  • de certaines activités immobilières comme la location entière d’immeubles ou les ventes soumises à la TVA ;
  • des activités financières (trading, marchés à terme) ;
  • de quelques métiers spécifiques, comme le journalisme ou certaines activités artistiques en droits d’auteur.

Quelles sont les activités interdites en auto-entreprise ?

Ensuite, même si votre activité est éligible, encore faut-il bien la qualifier. Lors de la création de votre micro-entreprise, vous devez la décrire précisément pour déterminer la catégorie dans laquelle elle se situe. Il s’agit d’une étape souvent délicate, surtout si vous cumulez plusieurs activités.

En micro-entreprise, il existe trois grandes catégories :

  • Vente de marchandises (BIC) : achat-revente, vente artisanale, restauration, hébergement touristique.
  • Prestations de services artisanales ou commerciales (BIC) : plombier, coiffeur, peintre, VTC, agent immobilier…
  • Activités libérales (BNC) : conseil, formation, coaching, activités intellectuelles.

 

Bon à savoir

BIC et BNC sont des catégories fiscales qui déterminent la façon dont vos revenus seront imposés.

2. Ne pas optimiser les dispositifs de création

Au moment de vous lancer, plusieurs dispositifs peuvent alléger vos charges. De nombreux auto-entrepreneurs n’optimisent malheureusement pas ces aides. C’est notamment le cas de l’ACRE, dont le fonctionnement repose sur l’année civile.

Cette aide offre une réduction de 50 % des cotisations sociales pendant les trois trimestres civils suivant la création, en plus du trimestre en cours. Bon à savoir :

L’ACRE n’est pas ouvert à tous. Renseignez-vous dans notre article dédié pour savoir si vous remplissez les critères.

Ainsi, créer sa micro-entreprise en début d’année, par exemple en janvier, permet souvent de bénéficier de l’exonération sur une période plus longue. Une mauvaise anticipation peut donc réduire l’avantage dont vous pourriez profiter.

Les erreurs de gestion administrative & fiscale

3. Oublier de déclarer son chiffre d’affaires

Même lorsque votre chiffre d’affaires est nul, la déclaration mensuelle ou trimestrielle auprès de l’URSSAF reste obligatoire. Si vous l’oubliez, une pénalité de 58 € est appliquée pour chaque déclaration manquante.

En cas d’oubli répété, vous devrez régulariser rapidement votre situation. Sans action de votre part, l’administration calculera vos cotisations sur une base majorée : +5 % pour une déclaration mensuelle et +15 % pour une déclaration trimestrielle.

 

Information importante

Si vous ne réalisez aucune déclaration pendant plus de deux ans, ou si votre chiffre d’affaires reste nul sur cette même période, votre micro-entreprise peut être automatiquement radiée.

4. Croire que vos frais peuvent être déduits dans le régime micro-entreprise

Beaucoup d’auto-entrepreneurs pensent pouvoir déduire leurs dépenses professionnelles comme dans une entreprise classique. Or, ce n’est pas possible en micro-entreprise.

Vous déclarez uniquement votre chiffre d’affaires encaissé, et vos frais ne sont jamais déduits au réel. L’administration applique automatiquement un abattement forfaitaire censé couvrir vos charges :

  • 71 % pour les activités de vente et d’hébergement
  • 50 % pour les prestations de services commerciales et artisanales
  • 34 % pour les activités libérales
  • Avec un minimum de 305 € d’abattement

Ainsi, nous vous conseillons d’anticiper vos dépenses professionnelles, vos différentes charges, pour en tenir compte lorsque vous établissez vos tarifs (achats, trajets, consommation d’énergie, commissions bancaires sur certains services comme les terminaux de paiement ou les marketplace…).

Même si vos dépenses réelles dépassent cet abattement, vous ne pouvez pas les déduire.

 

Bon à savoir

Vous pouvez facturer des frais de débours. Ce sont des frais que vous avancez à vos client et qui ne seront pas comptabilisés dans votre chiffre d’affaires.

Si vos frais sont particulièrement élevés, il peut être judicieux d’envisager une sortie du régime micro pour passer au régime réel, qui permet cette fois de déduire vos charges au réel.

5. Ne pas tenir correctement les registres obligatoires

Même sous un régime simplifié, l’auto-entrepreneur reste un chef d’entreprise et doit respecter plusieurs obligations comptables. Négliger ces formalités peut entraîner des erreurs, des incohérences ou un contrôle compliqué.

La première obligation consiste à tenir un livre des recettes, dans lequel vous enregistrez toutes les sommes encaissées de façon chronologique, claire et sans rature. Ce document doit faire apparaître la date d’encaissement, la référence de la facture, l’identité du client, la nature de la prestation, le montant et le mode de paiement. Il peut être tenu au format papier, sous forme de tableau ou au moyen d’un logiciel comptable.

Le livre des recettes de l’auto-entrepreneur

Selon votre activité, vous devrez également tenir un registre des achats, obligatoire pour les micro-entrepreneurs qui vendent des marchandises, des denrées alimentaires ou proposent de l’hébergement. Là encore, les informations doivent être consignées sans modification : date, fournisseur, nature de l’achat, montant TTC et mode de règlement.

Registre des achats pour micro-entrepreneurs : le guide complet

Bien que la tenue de ces documents puisse sembler simple, elle demande rigueur et régularité.

JE DÉCOUVRE LE LOGICIEL DE FACTURATION

Les erreurs de gestion bancaire

6. Utiliser un compte bancaire personnel

Les micro-entrepreneurs ont l’obligation d’ouvrir un compte bancaire dédié à leur activité si leur chiffre d’affaires annuel dépasse 10 000 euros sur deux années consécutives.

Concrètement, ce compte vous permettra d’encaisser vos recettes et de régler les achats ainsi que les dépenses liées à votre activité, tout en les distinguant de vos finances personnelles. Il vous servira également à prélever votre rémunération avant de la transférer sur votre compte personnel. De plus, il vous offrira la possibilité de disposer de moyens de paiement dédiés, tels qu’une carte bancaire, un chéquier ou un terminal de paiement. Enfin, ce compte pourra faciliter l’obtention d’un crédit ou d’un prêt pour le développement de votre entreprise.

Distinguer ses recettes et dépenses professionnelles de ses revenus et dépenses personnels permet d’avoir un meilleur visuel sur les revenus de son entreprise et donc aussi :

  • de savoir plus facilement quel chiffre d’affaires a été encaissé chaque mois et trimestre. Cela facilite la déclaration de chiffre d’affaires auprès de l’Urssaf, la déclaration de revenus…
  • de connaître plus facilement son bénéfice réel

Vous l’avez compris, l’objectif de ce compte bancaire est de distinguer vos transactions personnelles et professionnelles. Vous y voyez ainsi plus clair dans votre comptabilité, notamment en cas de contrôle !

Les erreurs de stratégie

7. Vouloir tout faire, viser « tout le marché » plutôt que se spécialiser

L’une des erreurs les plus fréquentes chez les auto-entrepreneurs consiste à vouloir s’adresser à tout le monde et à proposer trop de services à la fois. Cette dispersion brouille votre positionnement et rend votre offre moins lisible.

Pour éviter cela, commencez par définir clairement votre cœur d’activité et votre client idéal. Votre cible ne peut pas être « tout le monde » : identifiez précisément la personne que vous souhaitez accompagner, ses besoins, ses habitudes, ses attentes. Plus votre audience est bien définie, plus votre message sera percutant et votre offre pertinente.

Un outil simple peut vous aider : formaliser votre vision et votre stratégie dans un business plan, même très court. Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas réservé aux grandes entreprises — c’est un guide précieux pour structurer votre offre, clarifier vos priorités et éviter de vous éparpiller dès le démarrage.

8. Ne pas se protéger ou négliger l’assurance professionnelle

Sous prétexte que le régime est simplifié, beaucoup d’auto-entrepreneurs négligent les assurances professionnelles. Pourtant, en cas de litige, d’erreur ou de dommage causé à un client, les conséquences financières peuvent être lourdes.

Certaines obligations existent, à commencer par la médiation de la consommation, obligatoire dès lors que vous travaillez avec des particuliers.

Des assurances, comme la Responsabilité Civile Professionnelle (RC Pro), sont imposées pour certaines activités réglementées ou présentant des risques spécifiques : c’est le cas, par exemple, des métiers du courtage en assurance, qui nécessitent une RC Pro avec un niveau de garantie minimum et une inscription à l’ORIAS.

Pour la majorité des activités, la RC Pro reste facultative, mais elle est fortement recommandée. Elle vous couvre en cas de faute, de dommage ou de litige lié à votre prestation.

Vous pouvez également renforcer votre protection avec d’autres garanties selon votre situation : multirisque professionnelle, protection juridique, perte d’exploitation ou assurance véhicule professionnel.

En résumé : même si toutes les assurances ne sont pas obligatoires, ne pas se couvrir est une prise de risque importante pour votre activité. Avant de vous lancer, vérifiez précisément les obligations liées à votre métier et les protections nécessaires pour travailler en toute sécurité.

9. Ne pas anticiper l’évolution de l’activité

Beaucoup d’auto-entrepreneurs se concentrent uniquement sur le démarrage et oublient d’anticiper ce qui se passe lorsque l’activité grandit. Pourtant, dépasser certains seuils peut modifier en profondeur votre régime fiscal et social.

Le régime micro-entrepreneur repose sur des plafonds de chiffre d’affaires. En 2025, ils sont fixés à :

  • 188 700 € pour les activités de vente, restauration ou hébergement (hors meublés non classés) ;
  • 77 700 € pour les prestations de services (BIC/BNC) ;
  • 15 000 € pour les locations de meublés de tourisme non classés.

Si vous dépassez ces seuils deux années de suite, vous sortez automatiquement du régime micro au 1er janvier suivant. Vous basculez alors dans le régime classique de l’entreprise individuelle, avec :

  • une comptabilité plus lourde ;
  • un calcul des cotisations sur les revenus réels de l’année précédente ;
  • des déclarations mensuelles obligatoires, même en cas de chiffre d’affaires nul ;
  • pour les libéraux, un passage à la déclaration contrôlée.

Au-delà de ces plafonds, il faut aussi surveiller les seuils de TVA, différents des limites du régime micro. Vous pouvez devenir redevable de la TVA sans pour autant sortir du régime auto-entrepreneur. En 2025, les seuils sont notamment de :

  • 85 000 € (seuil) et 93 500 € (seuil majoré) pour les activités d’achat-revente ;
  • 37 500 € (seuil) et 41 250 € (seuil majoré) pour les prestations de services.

Si vous dépassez le seuil majoré, vous devenez redevable de la TVA immédiatement. En revanche, si vous restez sous ce seuil mais franchissez le seuil de base, vous basculez à la TVA l’année suivante.

Suivre régulièrement votre chiffre d’affaires est essentiel pour anticiper les transitions, éviter les mauvaises surprises et adapter votre activité au bon moment.

DÉCOUVRIR LE LOGICIEL DE FACTURATION

Les erreurs de facturation

10. Ne pas utiliser un logiciel conforme ou ne pas respecter les mentions obligatoires sur les factures.

En micro-entreprise, une facture mal rédigée peut entraîner un retard de paiement, un litige ou un contrôle administratif. Une facturation conforme n’est donc pas un détail : c’est ce qui vous permet de respecter la loi, d’être payé correctement et de protéger votre activité.

Pour être valide, une facture doit obligatoirement comporter plusieurs mentions essentielles :

  • votre identité, votre adresse et votre numéro de SIRET ;
  • la date d’émission et la date de la vente ou de la prestation ;
  • les informations complètes du client ;
  • le détail de la prestation ;
  • les montants HT et TTC.

En micro-entreprise, deux mentions supplémentaires sont indispensables :

  • la mention « EI » (Entreprise Individuelle),

  • et, si vous êtes en franchise en base de TVA, la formule obligatoire :

    « TVA non applicable, art. 293 B du CGI ».

Ne pas utiliser un logiciel de facturation conforme augmente fortement le risque d’erreurs ou d’oubli de mentions obligatoires. Un outil certifié vous guide pas à pas, sécurise vos documents et vous aide à rester en règle d’autant plus que la facturation électronique deviendra progressivement obligatoire pour toutes les entreprises d’ici 2026.

En effet, d’ici septembre 2026, toutes les entreprises en France doivent pouvoir recevoir des factures électroniques envoyées par d'autres entreprises (c'est l'obligation de réception). D’ici septembre 2027, en tant qu’entrepreneur individuel, vous aurez l'obligation d'émettre (d'envoyer) vos propres factures de façon électronique (via une plateforme agréée).

Toutes les entreprises traitant avec des particuliers (redevables ou non de la TVA), sont concernées par l'obligation de réception des factures électroniques, mais surtout du report mensuel auprès de l'Etat (e-reporting). Donc la facturation électronique vous concerne, même si vous n’avez pas de fournisseurs et donc aucune transaction avec des professionnels.

Notre logiciel de facturation Solo sera prêt pour cette réforme et vous accompagnera dans cette transition pour une conformité garantie le jour J.

À propos de l'auteur
Photo de Julie Andrieux
Julie Andrieux

107 articles publiés

Rédactrice spécialiste de l’entrepreneuriat, Julie est doublement diplômée en école de commerce et en géoéconomie et intelligence stratégique. Julie dispose d’une connaissance théorique et pratique de l’entrepreneuriat avec des expériences en tant qu’auto-entrepreneur et en tant que présidente de Start-up.

À propos de l'expert
Photo de Jeanne Escure
Jeanne Escure

131 articles publiés

Jeanne accompagne les auto-entrepreneurs depuis 2020. En pilotant une équipe de conseillers spécialisés dans les démarches de post-immatriculation puis une équipe dédiée aux démarches de modification et de cessation d'entreprise elle a développé une expertise certaine sur le sujet.

L'article "Quelles sont les erreurs à éviter pour bien gérer son auto-entreprise ?" est noté 5,0 / 5 sur 5 avis de lecteurs.