Définition
La signature électronique est un procédé qui permet d’attester à la fois l’identité du signataire et l’intégrité d’un document numérique. Elle offre ainsi les mêmes garanties qu’une signature manuscrite sur papier : le signataire ne peut pas nier avoir validé le document (c’est ce qu’on appelle la “non-répudiation”).
La signature électronique poursuit trois grands objectifs :
- préserver l’intégrité du document, en garantissant qu’il n’a subi aucune modification entre le moment de la signature et celui de sa lecture ;
- authentifier le signataire, c’est-à-dire confirmer son identité ;
- apporter la preuve du consentement, en démontrant que la personne a bien validé le document.
D’après le Baromètre France Num 2024, 36 % des TPE et PME interrogées recourent à une solution de signature électronique. Ce taux diffère selon la taille de l’entreprise : 34 % des très petites entreprises en font usage, contre 59 % des structures comptant plus de 50 salariés.
Les niveaux de signature
Le règlement eIDAS facilite les transactions transfrontalières sécurisées en établissant un cadre pour l'identité et l'authentification numériques. Il vise à instaurer la confiance dans les interactions électroniques et à promouvoir des services numériques fluides dans l'UE. Cette réglementation décrit les différents niveaux de signature.
La signature simple
La signature électronique “simple” est la plus accessible et la plus répandue, par exemple une signature tracée au stylet sur tablette. Facile d’utilisation, elle offre toutefois un faible niveau de sécurité : l’identité du signataire est difficile à vérifier et la non-répudiation n’est pas assurée. Non soumise à un contrôle indépendant, sa fiabilité varie selon les solutions. Elle convient surtout pour des documents à faible enjeu, sans risque juridique majeur ni exigence légale particulière.
La signature avancée
La signature électronique “avancée”, définie par le règlement eIDAS, doit permettre d’identifier clairement le signataire et offre ainsi une valeur probatoire renforcée par rapport à la signature simple. Toutefois, comme elle n’est pas auditée par un organisme indépendant, les garanties dépendent du prestataire et peuvent varier selon les solutions.
La signature avancée reposant sur un certificat qualifié
La signature électronique avancée reposant sur un certificat qualifié correspond au plus haut niveau de sécurité. Pour être délivrée, elle doit être auditée par un organisme indépendant et validée par l’autorité de contrôle. Le certificat qualifié atteste de manière fiable l’identité du signataire (nom, pseudonyme ou numéro d’immatriculation pour une entreprise) et garantit la validité de la signature. L’identification peut se faire en présentiel avec un agent, via un service de vérification d’identité à distance certifié, ou encore à partir d’une identité électronique déjà vérifiée. Grâce à ces exigences strictes, ce type de signature bénéficie d’une forte valeur probante en cas de litige.
La signature qualifiée
La signature électronique qualifiée représente le niveau le plus élevé de sécurité et de fiabilité. Elle repose à la fois sur un certificat qualifié de signature électronique, qui vérifie de manière sûre l’identité du signataire, et sur un dispositif de création de signature qualifié, garantissant l’intégrité et la confidentialité des données signées. En France, elle bénéficie d’une présomption de fiabilité juridique : en cas de litige, c’est à la partie qui conteste de prouver son invalidité. Elle est également reconnue comme équivalente à une signature manuscrite et valable dans toute l’Union européenne, ce qui en fait la solution recommandée dans les contextes sensibles ou à fort enjeu.
Le certificat qualifié est délivré après une vérification stricte de l’identité du signataire (en face-à-face, via un service de vérification d’identité certifié ou grâce à une identité électronique déjà validée). Le prestataire qui le délivre est soumis à des contrôles indépendants garantissant sa fiabilité.
Le dispositif de création qualifié combine un logiciel et un support matériel sécurisé (carte à puce, clé d’authentification ou équipement cryptographique certifié) afin d’assurer la sécurité maximale de la signature et de l’authentification.
Valeur juridique et conditions de validité
La signature électronique a une véritable valeur légale : un juge ne peut pas l’écarter au seul motif qu’elle n’est pas manuscrite.
L’article 1366 du Code civil précise que « l’écrit électronique a la même force probante que l’écrit sur support papier, à condition que l’identité de son auteur soit dûment vérifiable et que son intégrité soit garantie ».
Cependant, toutes les signatures électroniques n’offrent pas le même niveau de fiabilité. Selon leur degré de sécurité, la capacité à identifier le signataire et à protéger le document varie. L’article 1367 du Code civil rappelle d’ailleurs que la signature, qu’elle soit manuscrite ou électronique, doit identifier son auteur et exprimer son consentement. Sa fiabilité est présumée lorsque l’identité est assurée et que l’intégrité de l’acte est protégée dans des conditions fixées par décret.
En pratique, les signatures électroniques de type “manuscrite” (dessinée ou insérée en image) ou simplement scannées n’ont pas la même force probante, car elles ne permettent pas toujours de garantir l’identité du signataire ni son engagement réel.
Depuis le 1er juillet 2016, le règlement européen eIDAS a fixé un cadre légal harmonisé pour la signature électronique, reconnu dans tous les États membres de l’Union européenne, renforçant ainsi sa valeur et sa sécurité juridique.
Pour être valable, une signature électronique doit respecter plusieurs critères :
- Authenticité : l’identité du signataire doit être vérifiable de façon certaine ;
- Inaltérabilité : le document ne peut plus être modifié après signature ;
- Infalsifiabilité : personne ne peut usurper l’identité du signataire ;
- Non-réutilisabilité : la signature est liée au document signé et ne peut être copiée ailleurs ;
- Irrévocabilité : le signataire ne peut pas nier avoir validé le document.
Usages et types de documents concernés
La signature électronique offre la possibilité de valider, en quelques secondes et à distance, des documents essentiels à la vie des entreprises, tels que :
- contrats de travail,
- factures,
- bons de commande,
- mandats et compromis de vente,
- devis,
- documents comptables,
- documents juridiques,
- accords de confidentialité,
- certains actes notariés, etc.