Nous avons eu le plaisir de rencontrer Amandine, une tourneuse de spectacles originaire de Valenciennes. Il y a sept ans, la jeune femme a décidé de quitter sa ville natale pour s’installer à Paris. Ce n’est que quelques années plus tard qu’elle s’est lancée dans la création de son auto-entreprise. Son objectif ? Faire de sa passion son métier. Voici son témoignage dans lequel elle retrace son parcours !
Bien que très concurrentiels, les différents métiers qui touchent au milieu artistique font rêver ! Ils peuvent néanmoins vite se transformer en casse-tête administratif lorsqu’on ne sait pas vers qui s’orienter pour obtenir la bonne information ! Afin d’éclaircir le sujet et en savoir plus sur le métier de tourneur, nous avons posé quelques questions à cette professionnelle du spectacle. Elle nous explique notamment ce qu’il l’a poussée à opter pour le statut d’auto-entrepreneur plutôt que celui d’intermittente.
Qu’est ce qu’un tourneur de spectacles ?
“Dans le cadre de mon activité, je participe à l’organisation de la tournée des compagnies et spectacles qui me font confiance ! Je contacte les programmateurs et organisateurs des salles de mon secteur afin de leur vendre mes représentations.
Cela fait un an que je me suis lancée et je travaille principalement avec des artistes qui sont tournés vers le jeune public. Mais j’essaye aussi de me diversifier vers le tout public !”
Dans ce milieu assez concurrentiel, pourquoi avoir choisi de te lancer seule ?
“Parce que j’avais vraiment cette volonté d’être indépendante et de travailler de manière complètement autonome même si on ne l’est jamais vraiment puisque je suis tout de même tributaire des compagnies.
J’avais déjà travaillé dans des entreprises auparavant, mais ce n’était pas une bonne expérience pour moi car je n’ai pas du tout aimé l’ambiance ni le fonctionnement. J’ai également eu une période où je suis complètement sortie du secteur du spectacle pour voir autre chose et être sûre que ce milieu me convenait vraiment. Après ces expériences, j’y suis revenue de manière assez naturelle puisque je me suis rendu compte que c’était ce que j’aimais depuis toujours. Je ne me voyais vraiment pas faire autre chose. C’est à ce moment-là que je me suis posé la question “Pourquoi ne pas le faire seule ?”
Pourquoi avoir choisi le statut d’auto-entrepreneur ?
“Je voulais trouver une structure simple pour me permettre de débuter cette activité de façon autonome. C’est comme ça que je me suis tournée vers l’auto-entreprise, ce qui me permet de choisir mes propres règles, la direction vers laquelle j’ai envie d’emmener mon entreprise, les collaborateurs avec lesquels j’ai envie de travailler. Au final, je suis vraiment libre ! Intermittent du spectacle ou conserver mon auto-entreprise, en revanche, c’est toute la question que je me pose à l’heure actuelle !
Cependant je ne veux pas perdre de vue mon réel objectif qui est, à terme, de développer une entreprise. C’est la raison principale pour laquelle je me suis lancée avec ce statut. L’auto-entreprise reste, même simplifiée, une réelle entreprise et je le vois comme une première étape pour atteindre l’objectif que je me suis fixé ! Cette forme juridique me permet, par exemple, d’avoir un stagiaire pour m’aider dans mes missions.
D'un autre côté, être intermittent du spectacle compte de nombreux avantages également et il ne faut pas les négliger ! Néanmoins cela limite aussi la liberté que l’on peut prendre dans notre travail puisque nous dépendons complètement de Pôle emploi, ce que j’essaye de fuir justement.”
Existe-t-il une formation particulière pour exercer le métier de tourneur ?
“C’est vrai qu’aujourd’hui il existe des écoles. Les métiers de production de spectacles sont en pleine expansion et des formations commencent à voir le jour.
Au moment où je faisais mes études, ce n’était pas encore le cas. Il existait une seule école qui était assez loin et très sélective donc je n’avais pas vraiment envisagé cette option. Ce que l’on m’a conseillé à cette époque, c’était de m’orienter vers des études de communication ou de commerce puisque ce sont des compétences dont on a énormément besoin pour ce type d’activité ! Pour ma part j’ai opté pour un Master de responsable de communication que j’ai obtenu par la suite.”
Que retires-tu de cette expérience ?
“Aujourd’hui ça fait un an que j’ai ouvert mon auto-entreprise et durant cette première année, j’ai appris bien plus qu’au cours de mes expériences précédentes en tant que salariée. Je n’ai pas d'autre choix que de me former. C’est mon projet et je veux que ça marche, je suis donc d’autant plus motivée pour apprendre ! Je dois également développer une stratégie. Alors je réfléchis à des options, des moyens, c’est beaucoup de remises en question ! On emmagasine pas mal de connaissances. C’est très formateur dans plusieurs domaines. Auparavant je travaillais essentiellement sur de la communication et du commercial et aussi de la logistique pour organiser le spectacle en termes techniques et logistiques le jour J. Mais en auto-entreprise, en plus de tout ça, je dois développer aussi mes compétences en gestion administrative, en comptabilité, mais aussi en ressources humaines puisque je prends des stagiaires que je dois former et manager. C’est très complet !”
Peux-tu nous parler des succès et des difficultés que tu as rencontrés ?
“Se faire un réseau est essentiel dans ce métier mais ce n’est pas toujours la chose la plus facile à faire. C’est pour cela que, selon moi, le plus gros de mes succès réside dans les belles rencontres que j’ai pu faire ! Des compagnies de théâtre très intéressantes, mais aussi des gens qui me permettent d’évoluer et qui m’aident beaucoup dans mon parcours ! Les compagnies avec lesquelles je travaille aujourd’hui ont forcément dû passer par la vente de leur propre spectacle avant d’avoir les moyens d’avoir un tourneur. J’ai aussi eu de belles opportunités ! Je travaille notamment avec une comédie musicale assez importante. C’est essentiel pour le développement de mon entreprise que d’avoir des spectacles de grande notoriété comme celui-ci. C’est une belle vitrine. En ce qui concerne les difficultés, je pense que c'est la grosse concurrence qui existe dans ce milieu qui est pour moi le plus difficile à gérer, tout comme le développement du réseau. C’est un métier très long à rentabiliser ! Surtout que nous travaillons d’une année sur l’autre. Cela veut dire que la rémunération tombe seulement l’année suivant la programmation des spectacles sur laquelle je travaille à l’heure actuelle. Il faut prévoir le coup !”
Un conseil pour les personnes qui souhaitent se lancer dans l’auto-entreprise ?
“Quand on débute une activité, c’est important d’avoir un travail à côté pour se lancer plus sereinement financièrement parlant. Mais c’est aussi un dilemme parce qu’on peut penser qu’en ne se consacrant pas totalement à notre projet, celui-ci n’évoluera pas forcément dans le sens que l’on souhaite !
Il faut également établir une bonne stratégie et bien y réfléchir à l’avance pour avoir différentes options et trouver d’autres solutions si ça ne fonctionne pas.
Il ne faut pas non plus avoir peur de travailler sans se sortir réellement un salaire, même si ce n’est pas toujours très motivant !”
Qu’est-ce qui t’anime dans la vie ?
“L’émotion ! Je fonctionne d’ailleurs beaucoup avec l’émotion, j’en ai besoin pour me sentir vivante ! C’est pour ça que le spectacle me fascine autant, pour tous les sentiments que cela procure ! Pouvoir partager avec le plus grand nombre de gens possible, c’est super !”
Pour en savoir plus sur l’agence artistique d’Amandine :